La transition est, par définition, le passage d’un système d’idées, à un autre système d’idées – les savants nomment cela changement de paradigme ou d’épistémè.
La crainte personnelle des idées
Pour décrire cela nous avons besoins d’une où plusieurs métaphores.
La première est celle du château.
Illustration : Notre pensée c’est comme un château, nos idées sont des personnages comme Don Quichotte et Sancho
Comme Quichotte et Sancho, nos idées sont très peureuses, elles ont peur d’être détruites ou transformées par des idées venant de l’extérieur de notre pensée.
Peter Sloterdijk utilise la métaphore des défenses immunitaires.
C’est devenu une métaphore « à la mode » depuis que sévissent les nouvelles pandémies à corona, etc..
Les idées sont comme des symboles qui ont besoin d’un système de défense immunitaire pour se protéger des invasions des autres symboles.
Et la manière « ordinaire » de rencontrer ces symboles nouveaux et dangereux est de faire des expériences – expérience spirituelle, voyage, entreprise, expérience amoureuse, expérience créative, etc. (1)
La crainte groupale des idées
Nous utiliserons la même métaphore du château qui, cette fois, représente le système d’idées d’un groupe.
Illustration : A gauche Dali en 1946 fait scandale avec ses esquisses de Don Quichotte.
A droite Picasso en 1955.
Le château représente les idées esthétiques des artistes, des critiques et des acheteurs d’oeuvre avant 1946
Serge Moscovici décrit la crainte des idées manifestée par tout groupe humain.
Les Juifs ont peur des idées des premiers Chrétiens.
Lorsque l’on dit « l’édifice idéologique » de la culture juive, Moscovici dit « les idées sont comme des choses » – donc comme des armes, des béliers qui vont attaquer l’édifice idéologique.
Les Européens du 18ième siècle ont peur des idées des Lumières.
Les idées de Voltaire, de Diderot sont aussi comme des armes contre l’édifice social, religieux, conceptuel de leur temps.
Aujourd’hui, les écologistes – les multiples sortes d’écologistes – proposent des idées qui terrorisent les habitants d’un monde avec glyphosate, avec voitures polluantes, avec usines polluantes, avec mal-bouffe, avec antibiotiques, etc.. (2)
Notes
(1) Les termes de Sloterdijk : « Avec ma terminologie, on dirait que les vérités (que j’appellerai du premier ordre) sont des systèmes immunitaires symboliques. Les vies sont condamnées à un effort permanent visant à dresser leurs boucliers morpho-immunitaires contre les invasions microbiologiques et les lésions sémantiques (nous disons : les expériences) auxquelles elles sont exposées. » Dialogue avec Eric Alliez
(2) Serge Moscovici : «Nul doute que, durant la plus longue période de l’histoire humaine, toutes les sociétés ont une seule crainte en commun : la crainte des idées. Partout, elles se
méfient de leur action et des hommes qui les diffusent. A chaque époque, on commence par rejeter les groupes qui propagent une doctrine ou une croyance neuves : les chrétiens dans l’Antiquité, les philosophes des Lumières aux temps classiques, les socialistes à l’époque moderne. Et, en général, toutes les minorités qui ont l’audace de se rassembler autour d’une idée prohibée ou d’une vision inacceptable – un art déroutant, une science inconnue, une religion extrême, une promesse de révolution – et semblent vivre dans un monde à l’envers.» in La machine à faire des dieux
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Source : WikiMédia Chateau